Haute Autorité de Santé (HAS) & OCT
Le Dr Muratet remercie l'HAS
pour avoir accepté de placer ici le résumé relatif à
l'Optical Coherence Tomography (OCT). Ce fichier en format
pdf et le rapport entier sont disponibles sur le site web de l'HAS.
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CEDEX – Tél. : 01 55 93 70 00 – Fax : 01 55 93 74 00 –
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TOMOGRAPHIE DU SEGMENT POSTERIEUR DE L’ŒIL PAR SCANOGRAPHIE
A COHERENCE OPTIQUE
Classement CCAM : 02.01.03 – code : BZQK001
JUIN 2007
Tomographie du segment postérieur de l’œil par scanographie
à cohérence optique
Haute Autorité de santé/Service évaluation des actes
professionnels/juin 2007
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Autorité de santé en juin 2007
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Tomographie du segment postérieur de l’œil par scanographie
à cohérence optique
Haute Autorité de santé/Service évaluation des actes
professionnels/juin 2007
L’EQUIPE
Ce dossier a été réalisé par le Dr Cédric Carbonneil,
docteur ès sciences, chef de projet au service évaluation
des actes professionnels.
La recherche documentaire a été effectuée par Mme Mireille
Cecchin, documentaliste,avec l’aide de Mme Sylvie Lascols,
sous la direction du Dr Frédérique Pagès, docteur ès
sciences.
Le travail de secrétariat a été réalisé par Mme Mireille
Eklo.
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Pour tout contact au sujet de ce dossier :
Tél. : 01 55 93 71 12
Fax : 01 55 93 74 35
E-mail : contact.seap@has-sante.fr
Service évaluation des actes professionnels
Chef de service, Dr Sun Hae Lee-Robin
Adjoint au chef de service, Dr Denis Jean David, docteur ès
sciences
Tomographie du segment postérieur de l’œil par scanographie
à cohérence optique
Haute Autorité de santé/Service évaluation des actes
professionnels/juin 2007
SYNTHESE
INTRODUCTION
La tomographie par cohérence optique (ou Optical Coherence
Tomography, OCT) est une technique d’imagerie non invasive
et sans contact, utilisant la réfraction de rayons lasers
et permettant de visualiser des structures anatomiques en
coupe, avec une précision de l’ordre de 5 à 10 µm, proche
de celle de l’histologie. L’OCT est utilisée principalement
en ophtalmologie afin de visualiser l’épaisseur de la
rétine au niveau de la macula et de la papille optique.
L’OCT est également utilisée dans l’exploration du segment
antérieur de l’œil, mais ce point n’a pas été abordé dans
ce rapport.
CONTEXTE
L’utilisation de l’OCT est potentiellement intéressante
dans la plupart des pathologies affectant la rétine au
niveau de la macula et de la papille optique, notamment la
dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), les œdèmes
maculaires, la rétinopathie diabétique (RD), les
pathologies de la jonction vitréo-rétinienne et le glaucome
à angle ouvert. Ces pathologies n’engagent pas le pronostic
vital mais sont porteuses de morbidité importante,
notamment un risque de malvoyance et de cécité, lorsque ces
pathologies sont mal diagnostiquées ou mal suivies.
L’acte « Tomographie de l’œil par scanographie à cohérence
optique (OCT) » est inscrit à la CCAM sous le code BZQK001.
Il est pris en charge et remboursable avec un prix unitaire
de 42,72 euros. L’utilisation de l’OCT en ophtalmologie a
été identifiée uniquement dans la nomenclature américaine
parmi les quatre nomenclatures étrangères consultées
(américaine, belge, québécoise et australienne).
ÉVALUATION
La méthode proposée par la Haute Autorité de santé (HAS)
pour évaluer le service attendu des actes professionnels
est fondée sur les données scientifiques identifiées et la
position des professionnels.
Analyse critique des données de la littérature
Publications étudiées
Une recherche documentaire couvrant la période janvier 1996
- mars 2007 a été effectuée par interrogation des
principales bases de données bibliographiques scientifiques
(Medline, Embase, Pascal, The Cochrane Library, National
guideline clearinghouse et INAHTA HTA Database). Cinq cent
vingt-trois documents ont été obtenus.
Seules les études répondant aux critères suivants ont été
sélectionnées :
- validité clinique : études ayant des effectifs > 30
patients, et incluant des données de sensibilité et de
spécificité des tests. Pour l’indication « glaucome à angle
ouvert », compte tenu de l’abondance de la littérature,
seules les études prospectives contrôlées, excluant les
formes de glaucomes autres qu’à angle ouvert, et rapportant
des données de sensibilité/spécificité sous forme de
courbes « Receiver Operating Curves » (ROC), ont été
retenues ;
- place dans la stratégie diagnostique et thérapeutique :
études cliniques ayant des effectifs > 30 patients,
recommandations, rapports d’évaluation technologique, avis
de la HAS (Commission de la transparence) et revues.
- Impact en santé publique : recommandations, rapports
d’évaluation technologique, avis de la HAS (Commission de
la transparence), études médico-économiques (rapportant des
données françaises de coût, coût/efficacité, coût/utilité
ou coût/bénéfice) et revues.
Répondant à ces critères, 68 études ont été identifiées et
analysées quelles que soient les indications, dont 12
recommandations, 1 conférence de consensus, 2 évaluations
technologiques, 13 études contrôlées non randomisées, 12
études prospectives de cohorte, 2 études prospectives
cas-contrôle, 9 séries de cas, 5 évaluations de produits de
santé, un rapport du Groupe technique national de
définition des objectifs (GTNDO), 8 revues non
systématiques et 3 études médico-économiques.
Indications
- La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) ;
- les œdèmes maculaires ;
- la rétinopathie diabétique (RD) ;
- les pathologies de la jonction vitréo-rétinienne (trous
maculaires, etc.) ;
- la myopie forte avec néovaisseaux choroïdiens (NVC) ;
- le glaucome à angle ouvert.
Efficacité
La littérature a indiqué qu’en terme d’efficacité
diagnostique clinique, l’OCT a montré :
- une forte sensibilité (comprise entre 78,6 et 97 %), mais
une spécificité moyenne (comprise entre 66 et 89 %) dans le
diagnostic de NVC dans la DMLA et la myopie forte ;
- de fortes sensibilité (comprise entre 72,2 et 98,4 %) et
spécificité (comprise entre 81 et 95 %) dans le diagnostic
de l’œdème maculaire (diabétique ou non diabétique) ;
- de fortes sensibilité et spécificité permettant de
discriminer très efficacement les yeux glaucomateux des
yeux non glaucomateux (Aires sous la Receiver Operating
Curve (AROC) comprises entre 0,79 à 0,90). Cette efficacité
augmente avec la gravité de la maladie (AROC comprises
entre 0,88 et 0,92). Lorsqu’il s’agit d’établir un
diagnostic chez des patients suspectés de présenter un
glaucome ou encore de discriminer entre les différents
niveaux d’atteinte de la maladie (glaucome précoce, modéré
ou sévère), l’OCT présente une bonne efficacité (AROC
comprises entre 0,70 et 0,81), toutefois inférieure à celle
de la discrimination entre les yeux glaucomateux et non
glaucomateux.
Concernant les autres indications, aucune étude n’a été
identifiée.
Sécurité
Cet acte d’imagerie est non invasif et sans contact direct
et ne pose aucun problème de sécurité (pas de
contamination). Lorsqu’une étape préalable de mydriase est
nécessaire, l’utilisation de collyres mydriatiques doit se
faire avec les précautions d’usage.
Place dans la stratégie diagnostique et thérapeutique
DMLA
L’OCT est un examen utile dans le diagnostic des
traitements de la DMLA exsudative, mais demeure
complémentaire de l’angiographie à la fluorescéine qui
reste l’examen de référence (avis d’experts). Dans le suivi
des traitements des NVC par photothérapie dynamique ou par
injection intravitréenne de molécules anti-VEGF (Vascular
Endothelial Growth Factor), l’OCT peut être utilisée en
complément ou en alternative à l’angiographie à la
fluorescéine.
Œdèmes maculaires
La littérature s’accorde sur la place prépondérante de
l’OCT dans le diagnostic et le suivi de l’œdème maculaire
diabétique ou non diabétique. En effet, l’OCT corrèle
significativement avec l’acuité visuelle (coefficient r
compris entre 0,528 et 0,66), permet de détecter plus
efficacement les œdèmes maculaires débutants que la
biomicroscopie ou l’angiographie à la fluorescéine.
Rétinopathie diabétique
L’OCT peut être utilisée dans le suivi de la RD et dans la
prise en charge des œdèmes maculaires diabétiques (avis
d’experts).
Pathologies de la jonction vitréo-rétinienne
L’OCT permet de préciser la topographie, et ainsi de
discriminer les trous maculaires des pseudo-trous ou les
trous lamellaires. L’OCT permet également de guider le
choix thérapeutique et d’en suivre l’évolution (avis
d’experts).
Myopie forte avec NVC
L’OCT est un examen complémentaire de l’angiographie à la
fluorescéine dans le diagnostic et le suivi du traitement
des NVC en cas de myopie forte (avis d’experts).
Glaucome à angle ouvert
La mesure de la Retinal Nerve Fiber Layer (RNFL) par l’OCT
peut être utilisée dans le diagnostic et le suivi du
glaucome à angle ouvert, surtout dans les formes précoces
ou en cas de suspicion de glaucome, dans lesquelles les
atteintes du champ visuel ne sont pas encore détectables.
En effet, le pronostic des patients avec suspicion de
glaucome initialement suivis
par OCT était significativement meilleur que celui de
patients initialement suivis uniquement par périmétrie
(Log-Rank p compris 0,004 et 0,01 selon les études). En
revanche, une fois que le diagnostic de glaucome modéré ou
sévère est posé par périmétrie, l’OCT n’était d’aucun
avantage pour le pronostic comparé à la périmétrie
(Log-Rank p = 0,31).
Conditions d’exécution
La réalisation d’un examen par OCT est, à l’heure actuelle,
précédée par une étape de mydriase, et doit être utilisée
avec précaution en cas d’opacités du cristallin (cataracte,
etc.), et après vitrectomie avec tamponnade par de l’huile
de silicone, faute de reproductibilité suffisante.
Impact sur la santé de la population, le système de soins
et les programmes de santé publique
Morbi-mortalité et qualité de vie
Compte tenu des pathologies concernées et de l’existence
d’alternatives, cet acte diagnostique n’a aucun impact sur
la mortalité des patients.
Aucune étude rapportant un impact direct de l’OCT sur la
morbidité et la qualité de vie n’a été identifiée.
Rappelons néanmoins que la DMLA, la RD et le glaucome à
angle ouvert présentent un impact majeur en termes de
morbidité, puisque ces trois pathologies sont les trois
principales causes de cécité et de malvoyance en France.
De plus, toutes les pathologies concernées ont un impact
certain sur la qualité de vie au niveau visuel (altérations
de l’acuité et du champ visuel, voire d’autres symptômes
visuels) et psychologique (anxiété générée par le
diagnostic de la pathologie, difficulté à vivre avec une
pathologie chronique pouvant évoluer vers la cécité).
Une fois la cécité installée, la dégradation de la qualité
de vie des patients est évidente, et touche toutes ses
composantes (perturbations sociales, professionnelles,
familiales et psychologiques).
Impact sur le système de soins
Compte tenu de la place de l’OCT dans la stratégie
diagnostique, notamment dans le diagnostic des œdèmes et
trous maculaires et dans le suivi de la RD ou de la DMLA,
la diffusion de l’OCT permettrait de diminuer le nombre
d’angiographies réalisées à la fluorescéine, technique
invasive, potentiellement porteuse de risque
anaphylactique. L’avantage de l’OCT se mesure également en
termes de coût à l’acte, puisque l’acte relatif à l’OCT
(code CCAM : BZQK001) est tarifé à 42,72 euros, alors que
les actes d’angiographies à la fluorescéine ou au vert
d’indocyanine (code CCAM respectifs : EBQF004 et EBQF005)
sont Tomographie du segment postérieur de l’œil par
scanographie à cohérence optique respectivement tarifés à
64,07 euros et 71,90 euros. Cet avantage n’est néanmoins
valable que lorsque l’OCT est réalisée alternativement à
l’angiographie, et non lorsque l’OCT est réalisée en
complément de l’angiographie.
L’OCT présente un impact sur l’organisation des soins en
termes de coût, puisqu’en 2006, d’après la CCAM, près de
220 000 actes BZQK001 (OCT) ont été codés pour un montant
global d’environ 8,7 millions d’euros (honoraires sans
dépassement pour le régime général hors slm), avec une
augmentation du volume de 51,9 % au cours de l’année 2006.
Comparativement, toujours en 2006, près de 117 000 actes
EBQF004 (angiographies à la fluorescéine) et 15 100 actes
EBQF005 (angiographies au vert d’indocyanine) ont été codés
pour des montants globaux respectifs d’environ 7,3 millions
et 1,1 millions d’euros (honoraires sans dépassement pour
le régime général hors slm), sans augmentation majeure du
volume au cours de l’année 2006.
En dehors du coût de l’acte, aucune étude médico-économique
directement relative à l’OCT n’a été identifiée. Il est
néanmoins possible d‘évaluer indirectement, mais très
approximativement l’impact médico-économique de l’OCT sur
le système de soins en se basant sur les coûts des
pathologies diagnostiquées ou traitées plus efficacement
par l’OCT. En effet, rappelons que l’OCT permet de
diagnostiquer plus précocement ou permet un suivi des
traitements plus efficace dans la DMLA, la RD et le
glaucome à angle ouvert, trois pathologies responsables de
la cécité et de la malvoyance dans les pays industrialisés.
Ceci permettrait donc de diminuer les coûts de prise en
charge de ces pathologies, puisque les coûts directs de ces
pathologies augmentent avec la sévérité de la maladie.
Au total, les données actuelles de la littérature et de la
CCAM indiquaient que l’OCT présenterait un impact important
en santé publique, et ceci pour le glaucome à angle ouvert,
la DMLA et les œdèmes maculaires diabétiques grâce à un
diagnostic plus précoce et un meilleur suivi. Toutefois les
données actuelles ne nous permettent pas de définir
précisément l’impact de l’OCT pour chaque indication.
Position des experts
Indications et efficacité
Les experts étaient en accord avec les indications
présentées dans l’analyse de la littérature, ainsi que les
données d’efficacité présentée dans ce rapport. D’autres
indications ont été citées comme les pathologies
inflammatoires ou vasculaires de la rétine.
Place dans la stratégie diagnostique et thérapeutique
Globalement, les experts sont en accord avec les données
présentées dans l’analyse de la littérature, et ont
également précisé que l’OCT n’était pas un examen
utilisable individuellement dans une stratégie de dépistage
quelle que soit l’indication.
DMLA et rétinopathie diabétique
L’apport de l’OCT dans les suivis de la DMLA et de la RD
repose majoritairement sur le suivi des œdèmes maculaires.
L’OCT permet également le suivi des NVC, tant dans la
définition que dans le suivi thérapeutique. Toutefois, en
termes de diagnostic, l’angiographie reste la technique de
référence. Une fois le diagnostic posé, l’OCT peut alors se
substituer à l’angiographie dans le suivi, afin de
surveiller la rétractation des NVC, et d’espacer la
réalisation d’angiographies, techniques invasives et d’un
coût plus élevé. Ceci est particulièrement intéressant dans
les traitements nécessitant de fréquentes interventions,
comme la photothérapie dynamique ou l’injection de
molécules anti-VEGF. Toutefois, les modalités de suivi par
OCT ne sont pas encore clairement définies.
Œdèmes maculaires
Les experts ont indiqué, qu’aujourd’hui, le diagnostic et
le suivi des œdèmes maculaires, quelles que soient les
étiologies (RD, DMLA, occlusions vasculaires rétiniennes,
uvéites, etc.) reposent principalement sur l’OCT, souvent
couplée à des photographies du fond d’œil, voire à des
angiographies. L’OCT permet de renseigner précisément sur
l’épaisseur de la rétine, autorisant une quantification de
l’œdème. Ceci permet alors d’apprécier son évolution, ainsi
que le suivi pré et postthérapeutique (médical ou
postchirurgical).
Pathologies de la jonction vitréo-rétinienne
L’OCT est apparue aux professionnels comme incontournable
dans le diagnostic et le suivi thérapeutique des
pathologies de la jonction vitréo-rétinienne. L’OCT permet
de préciser le diagnostic des trous maculaires, leur
diamètre, et s’il s’agit d’un trou complet ou lamellaire,
éléments essentiels permettant de prédire une réussite
chirurgicale. L’OCT est également l’examen de référence de
l’exploration des membranes épirétiniennes, et de leur
suivi pré et postthérapeutique.
Choriorétinopathie séreuse centrale et épithéliopathies
rétiniennes diffuses
L’examen de référence reste l’angiographie à la
fluorescéine, afin de détecter le point de fuite qui sera
traité par laser. L’OCT permet de détecter un décollement
séreux de l’épithélium pigmentaire.
Glaucome à angle ouvert
Les experts ont indiqué que l’OCT permet de diagnostiquer
plus précocement les glaucomes à angle ouvert via la mesure
de l’épaisseur de la couche de la RNFL. En effet les
atteintes anatomiques des fibres nerveuses précèdent les
atteintes du champ visuel. En revanche, l’analyse de la
tête du nerf optique n’est pas suffisamment sensible pour
être utilisée pour le moment. L’OCT permet également un
suivi quantitatif plus fin et optimum du glaucome, et
autorise ainsi un meilleur contrôle de la pathologie
notamment au niveau de la déduction thérapeutique.
Autres pathologies
L’OCT a également sa place dans les pathologies génétiques
dégénératives (rétinites pigmentaires), inflammatoires
(uvéites postérieures, etc.). L’utilisation de l’OCT dans
le contexte du segment antérieur, s’il laisse entrevoir des
perspectives intéressantes, demande encore d’autres
investigations pour définir son efficacité et sa place dans
la stratégie diagnostique, notamment vis-à-vis de
l’échographie.
Sécurité et conditions d’exécution
Cet examen simple, non invasif ne requiert pas
l’administration d’un produit de contraste. Avec les
versions actuellement disponibles de l’OCT, la réalisation
est effectuée après une simple dilatation pupillaire.
La phase d’acquisition de cet examen peut être réalisée par
un orthoptiste, à condition d’avoir reçu la formation
adéquate (délégation de tâche sous contrôle médical), mais
l’interprétation doit être réalisée par un ophtalmologiste,
et intégrée dans le contexte clinique de chaque patient.
Les experts ont également précisé que dans l’indication du
glaucome à angle ouvert, il n’y avait pas lieu de réaliser
un examen d’OCT si un examen par GDx a déjà été réalisé, et
réciproquement.
Impact sur la santé de la population, le système de soins
et les programmes de santé publique
Dans le cadre des pathologies rétiniennes, l’OCT est
apparue aux experts d’intérêt majeur en santé publique, et
ce concernant la possibilité d’éviter les examens invasifs
comme les angiographies à la fluorescéine dont les risques
d’accidents avaient motivé des recommandations de l’Agence
française de sécurité sanitaire des produits de santé
(AFSSAPS).
Dans le cadre du glaucome à angle ouvert, l’OCT permet un
diagnostic plus précoce ainsi qu’un meilleur suivi du
glaucome. Ainsi, l’OCT permettrait de limiter le nombre de
patients atteignant les stades sévères de la maladie,
porteurs d’importantes morbidités (baisse de l’acuité
visuelle, cécité, etc.).
Population-cible
D’après les experts, la population-cible de l’OCT concerne
majoritairement les patients présentant une DMLA
exsudative, une RD, un glaucome à angle ouvert, ainsi que
des patients présentant une hypertonie oculaire, à risque
de développer un glaucome. Les autres indications de l’OCT
seraient minoritaires en termes de patients traités.
D’après l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation
en santé (Anaes), 1 million de personnes seraient atteintes
par la DMLA, toutes formes confondues, dont 15 % seraient
atteintes par des formes exsudatives, soit 150 000
personnes. Le GTNDO a par ailleurs considéré que 200 000 à
300 000 personnes présentant une DMLA étaient à « haut
risque. » La population-cible de l’OCT dans la DMLA serait
donc comprise entre 150 000 et 300 000 personnes.
La population des patients diabétiques présentant une RD a
été estimée à environ 370 000 par l’Association de langue
française pour l'étude du diabète et des maladies
métaboliques (Alfédiam), et 700 000 personnes par le GTNDO.
La population des patients traités pour un glaucome ou une
hypertonie oculaire a été estimée à environ 1,2 millions de
personnes. Au total, l’effectif de la population-cible de
l’OCT serait compris entre 1,72 millions de personnes pour
l’estimation basse, et 2,2 millions de personnes pour
l’estimation haute. CONCLUSION
Indications
Les indications retenues par la HAS sont :
- la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) ;
- les œdèmes maculaires ;
- la rétinopathie diabétique ;
- les pathologies de la jonction vitréo-rétinienne (trous
maculaires, etc.) ;
- la myopie forte avec néovaisseaux choroïdiens ;
- le glaucome à angle ouvert.
Efficacité
En terme d’efficacité diagnostique clinique, l’OCT a montré
:
- une forte sensibilité mais une spécificité moyenne dans
le diagnostic de NVC dans la DMLA et la myopie forte ;
- de fortes sensibilité et spécificité dans le diagnostic
de l’œdème maculaire (diabétique ou non diabétique) ;
- de fortes sensibilité et spécificité permettant de
discriminer très efficacement les yeux glaucomateux des
yeux non glaucomateux. Cette efficacité augmente avec la
gravité de la maladie. Lorsqu’il s’agit d’établir un
diagnostic chez des patients suspectés de présenter un
glaucome ou encore de discriminer entre les différents
niveaux d’atteinte de la maladie (glaucome précoce, modéré
ou sévère), l’OCT présente une bonne efficacité, toutefois
inférieure à celle de la discrimination entre les yeux
glaucomateux et non glaucomateux.
Sécurité
Cet acte d’imagerie est non invasif et sans contact direct,
et ne pose aucun problème de sécurité (pas de
contamination). Lorsqu’une étape préalable de mydriase est
nécessaire, l’utilisation de collyres mydriatiques doit se
faire avec les précautions d’usage.
Place dans la stratégie diagnostique et thérapeutique
Globalement, les experts et la littérature ont indiqué que
l’OCT n’était pas un examen utilisable individuellement
dans une stratégie de dépistage quelle que soit
l’indication.
L’OCT présente une place prépondérante dans la détection et
le suivi postthérapeutique des œdèmes maculaires et de
pathologies de la jonction vitréo-rétinienne, quelles que
soient leurs étiologies (idiopathiques, RD, DMLA, etc.).
En revanche, dans la détection des NVC quelles que soient
les étiologies, l’OCT est une technique complémentaire à
l’angiographie, permettant de préciser le diagnostic
lorsque les données apportées par l’angiographie ne sont
pas concluantes. L’OCT peut également être utilisée dans le
suivi thérapeutique de la pathologie en alternative ou en
complément à l’angiographie (DMLA et diabète notamment).
Dans l’indication de glaucome à angle ouvert, la mesure de
la RNFL par l’OCT peut être utilisée dans le diagnostic et
le suivi du glaucome à angle ouvert, surtout dans les
formes précoces, dans lesquelles les atteintes du champ
visuel ne sont pas encore détectables. En revanche, l’OCT
ne peut être utilisée dans le dépistage du glaucome.
Conditions d’exécution
La réalisation d’un examen par OCT est, à l’heure actuelle,
précédée par une étape de mydriase, et doit être utilisée
avec précaution en cas d’opacités du cristallin (cataracte,
etc.) et après vitrectomie avec tamponnade par de l’huile
de silicone, faute de reproductibilité suffisante.
Cet examen ne requiert pas l’administration d’un produit de
contraste.
La phase d’acquisition de cet examen peut être réalisée par
un orthoptiste, à condition d’avoir reçu la formation
adéquate (délégation de tâche sous contrôle médical), mais
l’interprétation doit être réalisée par un ophtalmologiste,
et intégrée dans le contexte clinique de chaque patient.
Les experts ont également précisé que dans l’indication du
glaucome à angle ouvert, il n’y avait pas lieu de réaliser
un examen d’OCT si un examen par GDx a déjà été réalisé, et
réciproquement.
Impact sur la santé de la population, le système de soins
et les programmes de santé publique
Compte tenu des pathologies concernées et de l’existence
d’alternatives, cet acte diagnostique n’a aucun impact sur
la mortalité des patients.
Aucune étude rapportant un impact direct de l’OCT sur la
morbidité et la qualité de vie n’a été identifiée.
Rappelons néanmoins que la DMLA, la RD et le glaucome à
angle ouvert présentent un impact majeur en termes de
morbidité et de qualité de vie, puisque ces trois
pathologies sont les trois principales causes de cécité et
de malvoyance en France.
L’OCT présente un impact sur l’organisation des soins en
termes de coût, puisqu’en 2006, d’après la CCAM, près de
220 000 actes BZQK001 (OCT) ont été codés pour un montant
global d’environ 8,7 millions d’euros (honoraires sans
dépassement pour le régime général hors slm), avec une
augmentation du volume de 51,9 % au cours de l’année 2006.
Compte tenu que pour la plupart des pathologies concernées,
les coûts moyens augmentent avec la sévérité de la
pathologie, l’OCT permettrait de diminuer les coûts de
prise en charge de ces pathologies via un diagnostic plus
précis (pour les œdèmes maculaires, ou les pathologies de
la jonction vitréo-rétinienne) ou plus précoce (pour le
glaucome à angle ouvert par exemple) ou via l’amélioration
de la prise en charge thérapeutique avec un meilleur suivi
(DMLA, RD, glaucome à angle ouvert, etc.).
De plus, l’OCT permet d’éviter des examens invasifs comme
les angiographies à la fluorescéine, dont les risques
d’accidents avaient motivé des recommandations de
l’Afssaps.
Dans le cadre du glaucome à angle ouvert, l’OCT permettrait
de limiter le nombre de patients atteignant les stades
sévères de la maladie, porteur d’importantes morbidités
(baisse de l’acuité visuelle, cécité, etc.).
L’OCT permet également, par son aspect visuel et sa
facilité de compréhension, d’améliorer l’observance du
patient.
En conclusion, à la vue des éléments présentés dans ce
rapport, le service attendu (SA) est considéré comme
suffisant pour cet acte. Compte tenu de l’efficacité
diagnostique, de la place dans la stratégie diagnostique et
thérapeutique, de la morbidité associée aux pathologies
concernées (risques de cécité), de l’importance de
l’effectif de la populationcible (supérieure à 1 million de
patients) et de l’impact en santé publique (notamment en
termes de coût), l’amélioration du service attendu (ASA)
est modérée (niveau III) pour cet acte.